J’en suis venue à croire de plus en plus que ce qui est le plus important pour moi doit être dit, verbalisé et partagé, même au risque d’être déformé ou mal compris. ―        Audre Lorde
Socialismo a muerte

Socialismo a muerte

J'ai vraiment l'impression que les médias internationaux (la France en tête, à l'exception de Marianne, de ce que j'ai pu lire) sont en train de donner un passe-droit au néo-fascisme de la MUD (opposition vénézuélienne).

Les pauvres seraient dans la rue, affamés et assassinés par et à cause de la repression du gouvernement Maduro tandis que les riches feraient la fête sur les hauteurs de #Caracas au pire, indifférents, au mieux, inquiets.

On lâche les gros mots: "crise humanitaire", "anti-impérialisme", "bolivarisme" "auto-putsch" mais surtout DICTATURE. Je ne peux et ne veux pas néanmoins contester les possibles dérives autoritaires du gouvernement ne serait-ce qu'au nom du principe de précaution, mais les faits sont les faits.

Un manifestant immolé par l'extrême droite et on titre que c'est la répression sanglante de l'Etat (photo à l'appui alors...). Un politicien arrêté parce qu'il fomentait un coup d'état est, dans nos journaux, un prisonnier politique. On continue de crier à l'oppression dictatoriale quand l'Assemblée Nationale est contrôlée par l'opposition.

Je reconnais une forme d'incompétence à l'ère Maduro, mais il y a tant des paramètres qui entrent en ligne de compte dans cette crise, pourquoi ne pas en parler? En vrac:

- La crise pétrolière de 2014 et la chute brutale du cours

- Leur syncrude très cher à produire

- L'interventionnisme chinois

- La perte des soutiens régionaux avec l’arrivée au pouvoir des droites conservatrices dans plusieurs pays latino-américains

- Le "vote noir" derrière Maduro et le racisme qu'il génère

- Une crise identitaire profonde

- Une mauvaise répartition des richesses

- Une possible volonté de l'administration de D. Trump de reprendre la main sur la plus grosse réserve mondiale de brut.

Et surtout selon moi en effet boule de neige:

- Un secteur privé dominant (même sous Chavez) menant une guerre économique féroce à coups de sabotages et manipulations en tous genres comme la rétention de produits pour faire flamber les prix

- L'explosion du marché noir (sur le sol vénézuélien mais aussi vers la Colombie)

- La dévaluation de la monnaie au possible créant:

- Une hausse exponentielle de l'inflation

- Phénomène amplifié par l’immense corruption de hauts fonctionnaires

Je m'interroge sur les motivations de nos médias, leurs sophismes basés sur des prémisses superficiels et invérifiés. Je désapprouve cette façon puérile de toujours nous faire voir le monde de façon  manichéenne?

La condescendance assumée de la "boli-bourgeoisie" semble indifférente au sort des Caracassiens des quartiers qui sont à bout: de forces, de nourriture, de médicaments, de soins, de paix et qui ripostent désormais par la violence à des attaques néo-libérales insidieuses et cruelles. Quand le pain ou la tortilla augmentent le prix à payer est toujours le sang des innocents. Au moment où #JeanLucMélenchon grimpait dans les sondages, c'est cette vision que notre presse hégémonique n'a eu de cesse de nous mettre sous le nez. La menace chaviste anéantissant notre pays. "Vous voulez être comme le #Vénézuéla ?"*

Et puis, quand j'y réfléchis vraiment, il est normal que l'insurrection des consciences pauvres, ouvrières, indigènes  précarise trop le futur d'une oligarchie népotiste qui a basé son essor sur leur exploitation. Et il est normal qu'elle utilise son arme la plus puissante: la propagande (pardon, la communication) pour se défendre.

A l'heure où on s'interroge sur la fin du bipartisme, et l'essor d'une "coalition droite/ gauche" (qui n'est pas le centre pour rappel) comme la nouveauté, la témérité, la modernité, je "sous"-ris encore.

A quelques exceptions près, les seules forces de gauche tolérées par le système capitaliste ces 40 dernières années sont DÉJÀ économiquement libérales. Les Vénézuéliens défendent un des derniers bastions d'une gauche qui n'existe déjà plus. Et la proposition de la mondialisation est simple: (Neo) Socialismo o muerte!

PS: Oui je prends un journal de P. Drahi pour illustrer mon propos mais j'ai toujours aimé les lapalissades. #aidetoilecieltaidera

*Cette façon de vouloir calquer un modèle vicieux ou vertueux sur d'autres pays sans tenir compte de la géographie, de la culture, de l'Histoire et des caractéristiques d'une population me fait toujours "sous"-rire.

Make pollution great again

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Rose

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